À Montrouge, je choisis de faire confiance au local

Stéphane Manet
6 min readMay 23, 2020

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Montrouge, place des États-Unis, Guy Dubourg Creative Commons BY-NC-SA

Le premier ministre vient de l’annoncer hier midi, l’élection du second tour des municipales 2020 se tiendra le 28 juin prochain.

J’habite Montrouge depuis plus de 30 ans, j’y ai fréquenté plusieurs établissements scolaires de la maternelle au lycée, et j’ai vu sa population se multiplier par deux la ramenant à une des communes les plus denses de France. Impliqué dans la vie de ma commune, je suis vice-président de l’association Vivre à Montrouge depuis 6 ans. Depuis deux scrutins électoraux, je porte la conviction que ce sont les listes sans étiquettes qui sont la solution appropriée pour l’échelon local, et j’ai récemment eu l’occasion de développer cette idée plus longuement à la radio.

Aujourd’hui, nous sommes frappés par une crise sanitaire sans précédent, qui va elle-même amener une crise économique et sociale importante et il est évident que nous devons nous préparer à ce que beaucoup de choses ne soient plus comme avant.

Mais c’est aussi l’occasion d’en faire une opportunité pour vivre mieux la vie citoyenne et de régler dans la même foulée la crise environnementale dont le Covid-19 en est l’un des échos, la crise politique et la défiance envers les institutions, ainsi que la crise économique qui s’annonce suite aux mesures sanitaires.

Pour cela, chaque citoyen doit se voir impliqué dans les opinions locales, nous devons tous pouvoir prendre part aux processus de décision. C’est en partant du bas, du local, et non pas à travers des décisions technocentrées prises d’en haut, que nous sommes en capacité d’identifier les mesures utiles à notre bien-être aussi bien en terme social, économique ou environnemental.

Les prises de conscience de tous les citoyens pendant le confinement doivent faire échos chez des responsables politiques capable de l’entendre.

Pour Montrouge, je choisis de faire confiance au local.

Nous avons besoins de tous les efforts pour rebâtir un monde plus apaisé, plus harmonieux, et les solutions pour demain partent du plus petit échelon. Pour ce faire, et pour Montrouge, je choisis de faire confiance au local.

Sur le plan économique, nous devons penser les politiques d’emploi dans un écosystème beaucoup plus fluide, qui permette d’accueillir différentes formes de travail. Déjà avant la crise, la question se posait de pouvoir généraliser le télétravail au regard d’un réseau de transports au seuil de la saturation. La région île-de-France connait 11 millions de déplacements par jour pour un temps moyen de 41mn. Ni le prolongement de la ligne 4 qui se déploie à Montrouge à la frontière avec Bagneux, ni la construction de la ligne 15 en bordure de Châtillon et Malakoff, au terminus de la ligne 13, ne solutionneront entièrement cette saturation. Et par ailleurs, le télétravail à domicile n’est évidemment pas une solution pérenne de fonctionnement pour la plupart des salariés. Une solution complémentaire et simple serait d’identifier des bassins d’emploi plus fins en lien avec les demandeurs d’emploi de la commune. En d’autres termes, charge à la commune de mettre en relation ses demandeurs d’emploi avec les entreprises du territoire ou des communes proches. Cela ne peut se faire que part la mise en relation de tous les acteurs : les associations (mission locale, écoute chômage, initiative emploi…) les acteurs institutionnels (pôle emploi, cap emploi, défi métiers…), les entreprises (organismes recruteurs, mais aussi intérim, organisme de formation et auto-écoles).

Sur le plan environnemental, il y a une corrélation directe entre l’augmentation des épidémies dans le monde depuis la fin du XXe siècle et nos conceptions écologiques. Cette augmentation des épidémies constatées devrait sembler de prime abord paradoxale du fait des progères de la médecine mais qui s’explique entre autre par le développement intensif du bétail (qui représente 82% du poids des animaux et des humains sur la planète), sa proximité avec l’homme et les déplacements des humains et des denrées partout dans le monde. Nous le savons depuis longtemps, répondre à l’enjeu des urgences écologiques (climatique, extinction des espèces, et sanitaires) ne peut se faire qu’en pensant le système de consommation, l’environnement et la citoyenneté dans le même élan. Nos avons besoin de penser la ville comme un écosystème (avec une flore, des espaces verts mais aussi des arbres pour oxygéner et rafraichir la ville et une faune : insectes, notamment les abeilles, oiseaux, et les différentes espèces synanthropiques qui participe à l’entretien de cet environnement). C’est justement à Montrouge où nous avons tous remarqué le fiasco des décisions technocratiques de la mairie lorsqu’elles ne sont pas prises en concertation. La “carte postale verte” que le maire a voulu s’offrir avant les élections, dans la précipitation, avec l’avenue Jean Jaurès est à la fois un non-sens écologique et économique. Certes la concertation locale sur le développement environnemental ne sera pas la seule réponse nécessaire aux prochaines crises sanitaires. Mais elle en sera une partie, et elle en sera indispensable. Tel l’adage du colibri, j’espère qu’à Montrouge nous y prendront notre part.

Sur le plan social, chacun aura pris la mesure du potentiel de solidarité qui existe à l’échelon d’un quartier ou d’un voisinnage. C’est cet échelon qui est le premier capable d’identifier les inégalités, lutter contre l’exclusion. Cela ne signifie pas qu’il faut se contenter des quartiers pour solutionner les problèmes, cela signifie qu’il faut s’appuyer sur eux pour les identifier, et accompagner les personnes les plus en difficultés en co-construction entre les citoyens et la commune. À Montrouge, on peut citer notamment l’ADAJ (les amis de Jacky) qui est née suite à des initiatives bénévoles. Ce sont les solidarités et les entraides du quartier qui ont créé l’association, et non l’inverse. Je milite depuis des années pour la reconnaissance de la vie associative comme moteur de la vie citoyenne ; qui doit se faire enco-construction entre les acteurs locaux et la commune. Les maisons de quartier par exemple jouent un rôle transverse, de prime abord plutôt éducatif et culturel (activités pour les petits et grands) mais qui en fait jouent un rôle beaucoup plus profond sur le lien social, le soutien aux familles et les solidarités. Car pour les maisons de quartier, il n’y a pas lieu de cloisonner les thématiques d’environnement, la culture et le social dans activités et des enveloppes budgétaires distinctes, comme certaines institutions le font si brutalement, y compris la mairie de Montrouge. Par exemple, animer un atelier de découverte pour reconnaitre les oiseaux des villes entre un bénévole à la retraite et des enfants de quartiers, ce n’est pas seulement faire de l’éducation à l’environnement, c’est aussi créer un lien intergénérationnel, lutter contre l’isolement d’une personne âgée, permettre à des enfants défavorisés de se décloisonner, refaire avec la société et prendre confiance en eux, en particulier pour ceux qui sont en échec scolaire. Cette compréhension systémique du lien social ne peut se faire qu’avec une réelle intention de la commune, une intention politique en employant enfin le sens noble du mot “politique”.

Le 28 juin 2020, je voterai Juliette Méadel pour le deuxième tour des élections municipales.

Pour toutes ses raisons, je suis profondément convaincu que nous avons besoin d’un changement paradigmatique fort et que nous avons la possibilité de nous doter des moyens d’y parvenir. Je n’ai aucune envie que ce soit un parti politique qui prennent des décisions à travers des accords financiers déconnectés de la situation de notre ville.

J’ai entendu l’appel de Juliette Méadel pour rassembler les collectifs, les associations, les citoyens qui souhaitent prendre part à la vie de la cité. Aussi, le 28 juin 2020, je voterai la liste Demain Montrouge pour le deuxième tour des élections municipales.

C’est une liste sans étiquette qui est parvenue à devenir en un seul scrutin la première force politique d’opposition. Avec 26,22% des voix au premier tour, elle est la seule capable de renverser la gestion technocentrée de notre commune.

Elle a su rassembler grâce à sa capacité à proposer un programme à la fois pragmatique, faisable, budgétisé, et à la fois conscient des enjeux, novateur, prêt à nous engager dans un nouveau paradigme. Ce rassemblement doit se poursuivre au second tour.

C’est pourquoi je m’associe à l’appel de Juliette Méadel et j’invite moi aussi à ce que toutes les forces démocratiques, associations et collectifs citoyens soutiennent sa candidature. J’ai beaucoup d’espoir dans toutes ces opportunités que la vie nous offre pour changer les choses, pour Montrouge, et pour demain.

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